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LE BLOGUE D’EZRA

Ezra Wango
Chargé de projets
TSF – Tanzanie

Des gouttes de pluie naît l’avenir

Comment l’entrepreneuriat et la formation professionnelle autonomisent les femmes victimes des inondations au Kilimandjaro

Lorsque les inondations dévastatrices ont balayé certaines parties de la région du Kilimandjaro, elles ont fait plus que détruire maisons et récoltes : elles ont déraciné des vies et anéanti des moyens de subsistance. Des champs autrefois fertiles se sont transformés en terrains vagues et boueux.

Des maisons autrefois vibrantes de rires sont restées vides ou en ruines. Parmi les plus durement touchées figuraient des femmes, des mères, des soutiens de famille, des aidants familiaux, qui se sont soudainement retrouvés sans revenus, sans stabilité ni orientation.

Mais de la boue et de l’incertitude est né un nouveau chapitre, fondé sur la résilience, le développement des compétences et l’entrepreneuriat. Grâce à des programmes de formation professionnelle adaptés à leurs besoins, ces femmes ne se contentent pas de survivre, elles s’engagent dans le changement et réécrivent leur avenir. 
 
Rencontrez les femmes qui ont transformé la tragédie en une séance d’entraînement, grâce à un programme qui change des vies une compétence à la fois : Équipez-les de Terre Sans Frontières (TSF). 
 
Une période difficile 
 
L’inondation a frappé comme cet invité inattendu qui ne cogne pas à la porte, se précipitant, bouleversant des vies et ne laissant derrière lui que dégâts d’eau et soucis. Des maisons ont été endommagées, des petites entreprises anéanties et des rêves suspendus comme du linge sur un fil sous la pluie. Mais les femmes du Kilimandjaro ? Elles sont faites d’une étoffe plus résistante. Bien sûr, elles ont pleuré. Elles ont hurlé. L’une d’elles aurait même jeté ses bottes en caoutchouc dans la rivière (on ignore si la rivière les a ramenées). Mais elles ont ensuite essuyé leurs larmes, retroussé leurs manches et décidé qu’elles ne se laisseraient pas définir par la catastrophe. 
 
Équipez-les – Le changement de jeu 
 
Équipez-les, comme un rebondissement dans le meilleur des films. TSF n’a pas seulement offert de la sympathie, elle a offert des compétences. Des formations à l’entrepreneuriat et au commerce ont été dispensées, accompagnées d’encouragements et d’une pincée de financement. L’aviculture, l’aquaculture et les petites et moyennes entreprises ont poussé comme des champignons parmi les femmes qui ont formé leur organisation-cadre, connue sous le nom de TUSAIDIANE, un mot swahili qui signifie « entraidons-nous ».

Elles ne se sont pas contentées de former ces femmes. Elles leur ont tendu le micro et leur ont dit : « À votre tour de chanter une belle chanson. » Et n’oublions pas le fonds de démarrage, un petit capital au grand cœur. Il a aidé les femmes à démarrer leur nouvelle vie. Certaines ont ouvert une boucherie, d’autres des stands de nourriture, tandis que d’autres encore se sont tournées vers l’aviculture et l’horticulture. 
 
Une femme, Neema, gère désormais un commerce de vente de produits alimentaires florissant qui sentent bon comme les cieux et dont la liste d’attente est plus longue qu’une saison sèche. Une autre, Salomé, surnommée « la mère des poulets », prospère grâce à son commerce de volaille qui approvisionne des dizaines de commerces autour de Moshi. Et Felister, elle, a ouvert une boucherie locale, la première du genre dans la région, gérée et servie par une femme. 
 
L’impact de ces efforts va au-delà de la réussite individuelle. À mesure que les femmes acquièrent leur indépendance financière, elles réinvestissent dans leurs communautés. Les enfants retournent à l’école. Les maisons sont reconstruites, non seulement avec des briques, mais avec de l’espoir. Le tissu social déchiré par la catastrophe commence à se reconstruire, fil par fil.

Ce qu’Équipez-les a réellement fait, c’est bâtir une communauté. Ces femmes se soutiennent désormais mutuellement, rient ensemble, partagent des conseils marketing et se rappellent que se relever ne signifie pas se relever seules. Ce ne sont pas que des entrepreneuses. Ce sont des pionnières. Des survivantes des inondations. Des mères courageuses aux rêves plus grands que le Kilimandjaro lui-même. 
 
Le déluge a peut-être coûté beaucoup, mais il a aussi apporté quelque chose, un tournant. Grâce à l’aide d’Équipez-les, ces femmes n’ont pas seulement survécu. Elles ont prospéré.  

Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler du Kilimandjaro, n’imaginez pas seulement des sommets enneigés. Imaginez un groupe de femmes audacieuses en tabliers colorés et l’odeur du mandazi frais dans l’air. Elles écrivent une nouvelle histoire, faite de courage, de grâce et de retours glorieux.