À la rencontre de Normand Rochon
Normand Rochon, CPA de formation, est un des coopérants volontaires de Terre Sans Frontières (TSF) par excellence. Pendant plusieurs années il a endossé des rôles importants dans le développement de certains projets, principalement en Haïti et au Congo.
Afin de célébrer la journée internationale des volontaires, l’équipe de TSF s’est entretenu avec lui pour apprendre à connaître un peu plus ce coopérant dévoué.
À la recherche de l’aspect humain
Après avoir complété des études en sciences comptables et exercé sa profession comme associé national en audit et conseils pendant plusieurs années, Normand Rochon s’est rendu compte qu’un élément essentiel manquait à son quotidien.
« Dans le monde des affaires on n’a pas toujours le temps de prendre le temps pour parler avec les gens. C’est get to the point et avance. La productivité c’est ce qui est valorisé, on n’a pas le temps d’aller au fond des choses. Et ça, ça me manquait beaucoup. »
C’est lors d’une rencontre avec un autre CPA qui pensait un peu comme lui que Normand a été convaincu de s’inscrire au certificat universitaire en coopération et solidarité internationales. Un domaine qui peut sembler très éloigné de la comptabilité, mais qui selon lui « est très complémentaire. » Il explique qu’en fait, « ce qu’il y a de plus similaire c’est notre désir de développer notre esprit critique par rapport aux enjeux qu’on va vivre dans notre profession, sur le terrain. C’est d’acquérir les connaissances et les habiletés nécessaires pour des interventions optimales. Les meilleures pratiques, quoi ! »
Normand ajoute qu’il a toujours eu « une corde sensible pour les enfants. » Et lorsqu’il se demande qui est le bénéficiaire lors d’une intervention, « en bout de ligne, ce sont les femmes et les enfants dans beaucoup de cas. C’est ma source de motivation. » S’impliquer auprès de sa communauté et donner au suivant sont des valeurs importantes pour Normand. Et dans ce cas-ci, c’était surtout « le partage sans retour » qui l’interpellait.
Il avait « tellement le goût de vivre cette expérience là et ça faisait partie intrinsèque de mes valeurs. » Il a finalement pris une pause comme comptable agréé dans son cabinet professionnel pour se tourner vers la coopération volontaire.
Une rencontre mutuelle
La première rencontre entre Normand et TSF a eu lieu en 2014 à travers un mandat d’enseignement en comptabilité et entrepreneuriat à l’université des Grands lacs du Burundi. Durant ce mandat, Normand a eu la chance de pouvoir passer toute la session là-bas avec les étudiant-e-s. Son engagement comme coopérant volontaire chez TSF, « ça a commencé comme ça. »
Puis, en 2016, TSF cherchait un chef de mission pour développer un programme visant notamment à standardiser la gestion comptable des 22 écoles des Sœurs de la Charité en Haïti et à bonifier leur gouvernance.
Normand, qui avait démontré des habiletés en leadership et en relations interpersonnelles lors de son mandat au Burundi, a été un choix évident pour TSF. Durant 3 ans, il a appuyé la coordination que requiert l’envoi d’une trentaine de CPA. Ce projet en coopération visait le renforcement et le développement des capacités de gestion financière des économes et des directrices de la communauté.
Comme ça devenait coutume, les succès de son engagement avec le projet en Haïti ont retenu l’œil du directeur général de TSF. C’est alors que ce dernier lui a proposé de devenir consultant dans le cadre d’un mandat de réorganisation au Congo.
Là-bas, Normand a assisté nos équipes terrain lors de la restructuration de leur bureau, tout en travaillant dans le renforcement de la gestion, la bonne reddition des comptes et la gouvernance. Comme il l’explique, « C’étaient des beaux défis. Ça s’est très bien passé » et le bureau de TSF est vite devenu un bureau de référence en Afrique.
Son expertise l’a amené à se promener dans plusieurs autres pays dans le continent africain où TSF était présent.
Devant autant de succès, au cours de ces années, il était logique de recruter Normand au sein du conseil d’administration (CA) de TSF. En 2021, il a rejoint le CA pour y contribuer et partager son expertise en tant que membre du comité exécutif et trésorier de l’organisation.
Dernièrement, après une carrière stimulante et prolifique qui s’est échelonnée sur 42 années, Normand a pris sa retraite, mais son dévouement pour TSF et sa collaboration demeurent.
Les expertises de Normand
Pour Normand, sa plus grande fierté en tant que coopérant « c’est l’humanité que j’ai pu davantage développer, qui était déjà présente chez moi mais que je ne pouvais pas vivre. Je me suis permis de l’accueillir, la recevoir. »
Lorsqu’on parle de TSF à Normand, une petite lueur brille dans ses yeux.
« TSF, c’est vraiment un organisme de choix, de proximité, à grande valeur humaine, avec des résultats concrets sur le terrain, une équipe terrain distinctive, » partage le comptable.
Pour Normand, après avoir été coopérant volontaire et avoir vu directement l’authenticité des bureaux terrains, il est persuadé que cette recette est la bonne.
Selon lui « en termes de signe distinctif par rapport aux autres organismes de coopération internationale, je trouve que c’était une très bonne décision d’implanter des équipes terrain avec des gens locaux. Plutôt que de dire on arrive, on fait affaire avec différentes organisations sur le terrain – c’est beaucoup plus complexe et souvent le résultat est moins significatif ou même pas du tout atteint.
À nos bureaux terrain s’ajoute la coopération volontaire, ce pilier que Normand connaît trop bien, et celui qu’il considère être le meilleur atout pour renforcer nos projets dans une optique de développement durable.
Pour Normand, la coopération volontaire c’est « l’expérience humaine hors du commun qu’on peut vivre, c’est pouvoir prendre un recul sur comment on vit ici au Canada. Toutes les facilités que nous avons, les remettre en perspective et revenir un peu à l’essentiel. Je pense que ceux qui n’ont pas l’occasion de vivre de telles expériences passent à côté d’une belle opportunité de grandir et de découvrir toutes ses potentialités. »
Il pense que la base de tous ses mandats reste « la relation humaine [qui] est tellement importante pour saisir les besoins endogènes et légitimes qui vont être exprimés. Et [il faut] bien connaître la population, la connectivité qui nous attend ou qu’ils espèrent partager avec nous. C’est toujours un échange de compétences, d’expériences, de vécu ; un enrichissement réciproque. »
Pour réussir un mandat en coopération internationale, Normand conseille deux choses. La première est l’écoute active. « Ce qui m’a vraiment permis d’être mieux adapté aux missions et d’être mieux préparé, c’est d’écouter les gens avec qui j’échangeais. »
Sur le terrain, il est important aussi de « prendre le temps de constater ce que tu vis en mission, lors de la préparation, pour ton développement personnel et professionnel, et humain. Se donner le temps de vivre pleinement ces moments. Aller à la rencontre de l’autre dans sa réalité. »
Normand Rochon a terminé son entrevue en nous partageant que « les seuls rêves qui se réalisent sont ceux qu’on a le courage de poursuivre, et j’espère que TSF va continuer de rêver, et de rêver grand, je le souhaite beaucoup. J’ai TSF tatoué sur le cœur… »
L’anecdote préférée de Normand sur le terrain
Une fois à MaKamba (Burundi) dans une salle de formation – avec des murs en brique, un toit en tôles et des ouvertures sans fenêtres – on était en plein travail d’échange et tout, et pour changer l’atmosphère une vache se présente par une des ouvertures et commence à beugler. Au même moment, la pluie s’est mise à tomber ! On ne s’entendait même plus parler. Une étudiante dit bon, on va danser ! Alors on s’est mis à danser dans la classe, on a pris des photos. J’ai fait un petit diaporama et pendant la pause du lendemain j’ai présenté les photos. C’était un moment drôle et amusant, un beau souvenir. Je suis encore en contact avec certains de ces étudiants et à ce jour, encore quelques fois, certains repartagent ces photos sur Facebook !
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