À la rencontre de Maya Keita

Maya Keita a fait partie du programme de boursières au Mali, financé par la Fondation Marcelle et Jean Coutu, de 2016 jusqu’à l’obtention de son doctorat en janvier 2024.  

Dans le nord du Mali, à environ 300 kilomètres de Bamako se trouve la ville de Nara.  

Là-bas, entre la nuit et l’aube, Maya Keita se levait à 4 heures du matin pour étudier les sciences. Accompagnée par sa mère et d’une lampe à pétrole, le manque d’électricité était un des multiples défis auxquels cette jeune femme ferait face durant son parcours académique. 

Des années plus tard, ses sacrifices ont été récompensés. En janvier 2024, elle est devenue la première femme médecin dans sa famille.  

« C’est une très grande fierté ! » nous raconte cette nouvelle docteure avec un grand sourire, malgré la chaleur qui vient alourdir le mois du ramadan. 

Nara, c’est dans le Sahel. C’est une zone « très difficile où l’éducation des filles n’est pas trop bien vue » explique Birama Traore, Directeur des programmes au Mali. 

En effet, l’accès à l’éducation au Mali n’est pas équitable pour les filles et les garçons. Les disparités s’accentuent lorsqu’on arrive au secondaire, où la proportion des filles inscrites aux études n’est que de 15 pour cent contre 21 pour cent pour les garçons.

Une réalité que la jeune docteure aurait subi aussi, si une figure importante dans sa vie ne l’avait pas encouragée à poursuivre ses rêves académiques.  

« Personnellement, mon père a toujours voulu que j’étudie, donc ça a été une chance pour moi. Mais dans ma famille il y a plusieurs jeunes femmes, et rares sont mes sœurs qui ont eu l’opportunité de continuer leurs études », explique Maya.  

L’absence des femmes et des jeunes filles maliennes sur les bancs scolaires s’explique souvent par le fait qu’elles restent au foyer à s’occuper des travaux domestiques.

« Dès l’âge de 12 ans, tu vois des femmes qui sont déjà fiancées », décrit Maya.  

« Les mentalités ne sont pas en faveur de la scolarisation du genre féminin. C’est très difficile de voir une femme instruite », avoue la docteure.  

Étudier pour remédier à une réalité difficile  

« J’ai toujours voulu être médecin, parce que je voulais aider les gens dans la difficulté ; soigner les malades, les personnes souffrantes. J’ai toujours voulu aider, et surtout les femmes ».  

Si Maya a choisi la vocation de la médecine, c’est pour aider les femmes Maliennes qui sont aux prises avec un des taux de mortalité maternelle les plus élevés du monde.  

Entre 2019 et 2022, au minimum une femme mourait chaque jour au Mali en donnant la vie.

Une situation qui s’explique par plusieurs facteurs, selon la docteure.  

« C’est tellement compliqué, surtout dans les zones rurales. Il n’y a même pas de maternité. Les femmes accouchent à la maison. Elles n’ont pas d’information. Elles ne savent pas que quand tu es enceinte, tu dois te rendre dans un service de maternité ».  

À ces difficultés d’accessibilité s’ajoutent aussi des coûts élevés qui ne peuvent être payés par la majorité des femmes. 

Mais le plus grand risque face à cette problématique selon la nouvelle docteure est en fait le manque de sensibilisation.  

« L’ignorance est vraiment un grand, grand risque »
, explique celle qui connaît de près la santé des femmes maliennes. 

Lorsque l’éducation des femmes va au-delà des salles de classe 

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boursière Maya Keita
Maya Keita boursière TSF
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Maya Keita est un mentor dans l’âme.  

Après avoir vécu une première année d’adaptation difficile, loin de sa famille, elle a fondé durant sa 2e année une association pour venir en aide aux jeunes étudiantes du cercle de Nara qui se sont retrouvées comme elle, dans un nouvel environnement inconnu.  

Santé Plus Nara avait comme but de regrouper les étudiants et ressortissants du cercle de Nara qui étaient à la faculté de médecine et les orienter, les assister.  

« Ceux qui faisaient la première année on leur donnait des exercices à faire, des emplois du temps, quand exercer, quand faire ceci, on les accompagnait tout au long de l’année scolaire », nous explique celle qui a présidé l’association durant ses études.  

Pour Maya, obtenir son doctorat n’est que la première étape d’un marathon d’accomplissements pour lequel elle s’entraîne depuis son enfance.  

Elle souhaite aussi devenir chercheure en santé publique, avec une spécialisation en santé de reproduction concernant les femmes enceintes et les maladies sexuellement transmissibles.  

En ce qui traite au futur des femmes maliennes, Maya aimerait « qu’il y ait plus de femmes instruites. Que ça soit des femmes médecins surtout, [qu’elles apprennent] la gynécologie pour pouvoir aider d’autres femmes qui sont dans des difficultés ».  

Connaissant la dure réalité des femmes maliennes et leur santé, elle souhaite un jour redonner non seulement à ses consœurs mais aussi à sa ville natale. 

« J’aimerais à long terme ouvrir une clinique à Nara, qu’elle soit en gynécologie et pédiatrie aussi », partage la docteure. 


Investir en faveur des femmes, c’est exactement ce que fait le TSF au Mali, soutenu par le financement de la Fondation Marcelle et Jean Coutu. 

Grâce à ce type de programme, Maya a pu terminer ses études et elle va un jour retourner à Nara investir son temps et son expertise dans son village natal.