jeunes filles à l'école en Haïti

LE BLOGUE DE PRICILA

Darlie Pricila Hershel Louis
Assistante aux programmes
Haïti, Vialet

Journée internationale de l’éducation 2025

En cette journée internationale de l’éducation, l’équipe de Terre Sans Frontières en Haïti tient à saluer particulièrement le courage de tous ceux qui, encore, malgré l’enchaînement des difficultés dans leur société et partout dans le monde, ne lésinent aucun effort pour aider à la réalisation des rêves de ceux qui, contre l’infortune et des circonstances douloureuses, luttent sans relâche pour jouir pleinement de ce droit qui, malgré eux, tente bien souvent de s’échapper de leurs mains.  

Particulièrement, ces femmes-là qui durant leurs jeunes âges n’ont pas pu s’assoir sur les bancs de l’école, sont victimes de stéréotypes dans leurs sociétés ou ont été simplement lésées aux détriments de l’éducation de leurs jeunes ou grands frères par manque de moyens financiers ou lorsque leurs parents se disaient simplement que de toutes façons, leurs principaux rôles seront de tenir la maison de leurs futurs époux.  

Un schéma qui, il faut le dire, en a fait des victimes un peu partout dans les temps reculés et qui, malheureusement, aujourd’hui fait encore quelques victimes. Et pour nous autres en Haïti, entre insécurité, instabilité et pauvreté, nous n’avons que l’éducation comme bouée de sauvetage pour nous sortir de ce gouffre dans lequel nous nous enlisons depuis quelques années déjà. 

Ainsi, nous retenons nos souffles à chaque seconde, de peur d’apprendre un jour qu’on nous force à abandonner ce droit-là qui, pourtant, est si fondamental à notre évolution et à notre réussite. Craignant encore qu’on nous enlève ce dernier brin d’espoir qui garde encore en vie le cœur de ces mères et pères qui s’inquiètent déjà des ténèbres qui risquent d’envahir à tout jamais l’avenir et la réussite de leurs enfants.  

Que dire de ces femmes-là, les Madan-Saran. Ce sont des femmes braves qui vouent leurs vies à se rendre de marché en marché, un peu partout dans le pays, dans des conditions de voyages dangereuses, sacrifiant leurs nuits afin d’assurer l’avenir de leurs enfants pour voir tous leurs plans, leurs investissements de plusieurs années être mis en déroute.

Ou encore ces hommes et femmes qui, d’arrachepied, œuvrent à l’accomplissement d’une nouvelle société pour qu’enfin puisse se dresser fièrement ce bicolore qui nous est cher à tous, et voir un bon jour leurs efforts être réduits à néants. 

La majorité de ceux qui vivent en Haïti se résignent ou s’accommodent contre leur gré à la dégénérescence de la situation dans laquelle on plonge, tête la première, ce pays, qui réclame depuis des années une chance de progresser. Il n’en demeure pas moins que les inquiétudes sont belles et biens présentes, nombreuses, et nous oppressent à chaque bouffée d’air que nous tentons d’inspirer. Ce qui, disons-le, est clairement une véritable décente aux enfers pour ce peuple dont l’éducation intellectuelle et socio-culturelle sont, depuis la nuit des temps, « LEUR CLÉ DE RÉUSSITE » – tout comme ils s’accordent à clamer en créole «  moso ledikasyon se lavi, li pa gen pri ».   

Quand on constate que tant de familles sont forcées d’abandonner leurs activités quotidiennes à la capitale pour venir s’installer dans les villes de province, ce qui entraîne une augmentation considérable du nombre d’élèves dans les salles de classe pendant que le nombre de professeurs reste constant ou même diminue, faute de la forte migration, une diminution flagrante du nombre d’inscrits à l’université, on entend les jeunes qui commencent à se dire : « si la situation évolue ainsi, à quoi bon donc de continuer ? »
 
C’est une démoralisation qui risquerait d’en finir avec nous tous s’il n’y avait pas dans le Sud et dans le Nord des perspectives d’études ainsi que des organismes locaux et internationaux qui, comme Terre Sans Frontières, œuvrent à mettre sur pied des programmes de parrainage et de scolarisation permettant même à des jeunes de moins de 25 ans en manque d’éducation de remédier à ce problème. Car ils comprennent bien qu’il peut y avoir plusieurs facteurs ne leurs ayant pas facilité ce chemin vers l’accomplissement de leur droit à une éducation solide et de qualité. 

Aussi, ne voulant léser personne, l’institution désirant aider également les plus âgés à rattraper le tir, il était primordial d’avoir un programme d’alphabétisation qui aujourd’hui comporte un total de 4 centres dans la communauté goavienne qui permettent l’accessibilité à un plus grand nombre, surtout les Madan-Sara, qui en profitent pour se mettre à jour et pouvoir aider leurs enfants à la maison avec leurs devoirs et leurs leçons.  

Outre tout cela, à Vialet, une formation rigoureuse et de qualité en informatique avec une durée de douze mois au sein même de l’institution joue hautement en faveur des riverains de la communauté, mais surtout, en faveur de tous ces jeunes-là qui, ayant terminé leurs études, ne peuvent malheureusement pas poursuivre leurs études universitaires pour une raison ou une autre.  

En 2024, nous avons comptés pas moins de 130 nouveaux gradués qui, à travers leurs discours élogieux, ont déclaré être à présent des dignes ambassadeurs et porteurs également de la mission de Terre Sans Frontières dans la communauté et, pourquoi pas, à travers tout le pays. Des mots qui n’ont pas manqué de faire la fierté de toute l’équipe et des notables présents à cette cérémonie.  

Une belle preuve que l’institution a eu raison d’investir dans l’éducation et de poursuivre son objectif de développement durable pour le bien-être et le bénéfice de chacun, ce sur quoi elle invite d’autres organisations à rester ferme dans la poursuite d’aider à l’accomplissement d’une éducation de qualité pour tous car les résultats ne manqueront jamais à l’appel.  

Darlie Pricila Hershel Louis