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LE BLOGUE DE PRICILA

Darlie Pricila Hershel Louis
Bibliothécaire de TSF
Haïti, Vialet

Pourquoi continuer à aider en Haïti ?

« Il existe une banalité de l’atroce, de la cruauté, de la souffrance ; il en a toujours été ainsi, mais jamais elle ne s’était montrée aussi envahissante et saturante de nos jours. » 

Sombrant un peu plus chaque jour dans un chaos innommable, le territoire haïtien est devenu à ce jour, une scène où les rivalités les plus violentes font rage, plongeant la population qui vivait déjà au jour le jour, dans une situation de vie déplorable et misérable, entre pauvreté et insécurité de tous genres. Une situation de vie qui ne leur laisse qu’un seul rêve, un unique espoir, un seul but : celui de partir, de tout quitter pour une chance de survie ailleurs.

Acculée à l’extrême, la population se voit perdre son droit de circuler librement pour vaquer de la capitale aux autres villes de province pendant que l’on sait que tout est quasiment centré là-bas, que ce soient les grands magasins, les hôpitaux de qualité, l’université ou autres, presqu’absolument tout est relié à Port-au-Prince – à croire qu’Haïti n’existe qu’à travers elle. Cela est d’ailleurs suffisant à paralyser le progrès des activités commerciales, culturelles et touristiques à travers tout le territoire. L’éducation affiche un taux de réussite qui tend plutôt vers une décroissance vertigineuse. Cela dit, l’éducation est primordiale si l’on veut exhorter la population dans son ensemble à emprunter la voie de la tolérance, de la réussite financière, du bien-être commun et du développement pour qu’enfin cessent ces injustices économiques et sociales qui ont participé à nous amener là où nous sommes. Mais, c’est sans compter la résilience à toute épreuve dont font montre les habitants et organisations de progrès dans ce pays !

D’une manière étonnante, cette situation, qui semble être en tous points désespérante, n’annihile pas le besoin de ce peuple d’accéder contre vents et marées et une fois pour toutes au développement économique et social tant envié. Ce rêve, qui parade dans les cœurs et dans les actions de tous les habitants encore au pays, gît depuis bien trop longtemps dans les recoins des mémoires. Il est grand temps qu’il se matérialise enfin. C’est peut-être dans cette optique qu’en cette année de 2024, du Nord au Sud, et même à l’Ouest nous assistons à la mise en place d’actions progressistes qui affluent d’un peu partout pour non seulement relever le visage du pays mais également pour révéler les différentes potentialités touristiques et entrepreneuriales des zones de province.

Nous voyons également l’effort surréaliste des organisations œuvrant pour le développement durable dans les pays en difficulté comme le nôtre. Ces aides peuvent se réaliser dans le domaine de l’agriculture qui peut être une force colossale pour le développement économique d’Haïti. Il y a aussi l’éducation des enfants démunis; à travers l’alphabétisation on peut augmenter les chances de réussite des malchanceux n’ayant pas bénéficié d’une éducation lorsqu’il le fallait. À cela s’ajoutent des processus de formation professionnelle pour des jeunes et adultes en les dotant des capacités autant pour la création d’entreprises lucratives, faisant d’eux de la main-d’œuvre hautement qualifiée dans le domaine professionnel. 

Tout ceci pour dire en face du monde entier que, Haïti n’est pas que ces choses immondes dont on parle dans les médias. Il n’est pas que meurtre, vol, viol, c’est aussi un vaste terrain fertile, propice à une agriculture variée, de qualité, pouvant annihiler à jamais la faim qui prédomine dans les quartiers des villes. Nous autres, chez Terre Sans Frontières, nous sommes conscients et pouvons également en témoigner. Tant que subsistera des hommes et des femmes ayant la volonté de réussir, tant qu’ils seront soutenus par des structures qui, outre le profit, chercheront plutôt à en faire des instigateurs de leurs propres destinées, la vie fleurira en Haïti malgré la rage et les détresses qu’on peut forger.

Parce qu’ils sont encore-là, les Haïtiens, renouvelant leurs forces, s’appuyant sur leur résilience, usent de leur droit de rêver d’une vie meilleure pour faire d’Haïti à nouveau un endroit de destination digne des plus grands rêves en tentant par tous les moyens de redorer l’image de certaines villes qui autrefois prospéraient. C’est le cas du Cap-Haitien, de la ville des Cayes ainsi que de Petit-Goâve : ces villes en 2024, se dressent pour dire « que  Haïti n’est pas que Port-au-Prince, que la vie y est encore présente, que les jeunes sont encore prêts à s’investir pour aujourd’hui et le futur, afin de créer des nouvelles opportunités, malgré cette situation de vie infernale. »  

Darlie Pricila Hershel Louis
Bibliothécaire à Vialet (Haïti)