Durant trois semaines cet automne, Diaba Samassa, infirmière clinicienne, et Thien-An Lam Nguyen, infirmière clinicienne avec une expérience en soins intensifs néonataux, ont participé à un mandat de coopération volontaire avec TSF au Sénégal.
Lors de leur visite chez notre partenaire ces professionnelles ont fait une analyse de la composition de farines infantiles dans différents postes de santé.
Le but ultime était de parvenir à définir une farine infantile harmonisée qui apporte plus de nutriments aux enfants sénégalais.
TSF a rencontré ces deux professionnelles quelques semaines après leur retour au pays.
Pourquoi est-ce qu’un mandat en nutrition au Sénégal est important ?
Diaba
Ça fait plusieurs années qu’on parle de transition nutritionnelle dans les pays en voie de développement. Au Sénégal, ce n’est pas de l’urgence alimentaire mais c’est quand même des cas de malnutrition et des problèmes de santé alimentaire.
Thien-An
Au Sénégal, le problème est qu’il y a beaucoup d’inégalités. Si tu es dans la ville à Dakar avec un bon emploi, tu t’en sors. Mais dès que tu es hors de ces critères tu as vraiment de la misère. Aussi, il y a une réalité cyclique à la malnutrition. Par exemple, la saison des pluies ou de soudure, lorsqu’on est entre deux récoltes et qu’il y a moins de denrées, ce sont des périodes creuses où il y a plus de malnutrition.
Qu’est-ce que de la farine infantile ?
Diaba
C’est une farine à base de céréales et de protéines qu’on va introduire dans le lait pour que l’enfant ait un apport nutritif qui correspond avec son âge et qui permet d’introduire petit à petit d’autres aliments. Au Sénégal, c’est aux mamans de créer cette farine pour compléter l’alimentation de leur enfant.
Thien-An
Notre mandat était de développer une recette. On a pris du riz, du mil, du maïs, du niébé (similaire à un haricot blanc), des arachides et un peu de sucre.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Diaba
Les postes de santé font déjà leurs farines. Sauf qu’elles sont faites un peu différemment par chacun. L’association voulait uniformiser la recette et organiser sa fabrication pour avoir un meilleur contrôle sur la qualité et pour être sûre qu’il n’y ait pas de manquements au niveau de l’hygiène ou des apports nutritifs.
Thien-An
La prochaine étape serait le développement de produits. La recette a été élaborée, mais elle doit être analysée, et c’est vraiment important qu’ils travaillent avec une nutritionniste sur place. Nous avons aussi essayé de le faire de façon plus artisanale ; apporter les grains chez les marchands pour les faire torréfier et tout, mais sur place, tu vois qu’ils utilisent les râteaux qu’ils utilisent pour travailler la terre. c’est des choses sur lesquelles on n’a pas le contrôle. Il faudrait développer une petite usine.
Programme de renforcement de capacités en santé
Notre principal partenaire en santé au Sénégal est l’Association Nationale des Postes de Santé Catholiques du Sénégal (ANPSCS). Cette dernière regroupe 76 structures de santé à travers le pays entier.
Qu’est-ce-qui vous rend le plus fières par rapport au mandat ?
Diaba
On avait un objectif, et on a réussi à atteindre nos objectifs dans le petit laps de temps pendant lequel on était présentes. On n’a pas vu le résultat en personne (virtuellement), mais notre farine semblait être de qualité et appréciée.
Thien-An
Malgré les conditions de travail pas toujours évidentes – il y a de la chaleur, tu n’es pas dans ton élément, la fatigue – on avait des dates butoir et on a quand même fait des formations qui étaient vraiment de qualité, pertinentes. Les participants nous disent qu’ils ont vraiment trouvé ça utile et que les acquis vont être appliqués. J’ai trouvé moi aussi que notre travail était vraiment utile.
Pourquoi avoir fait un mandat avec TSF ?
Diaba
Je fais le programme en santé mondiale et je continue le programme en intervention humanitaire et je cherchais activement quelque chose dans le développement et non dans l’urgence humanitaire. Je suis tombée sur TSF. Le mandat en nutrition ressemblait beaucoup à ce que j’avais fait l’année précédente avec l’université, au Sénégal aussi. Donc, retourner au Sénégal c’était une continuité pour moi.
Thien-An
J’ai pris une année sabbatique. Je ne voulais pas un mandat de soignante comme tel mais un mandat plus professionnel, disons, et seulement TSF demandait des infirmières. Je trouvais aussi que c’était une belle opportunité de connaître la culture sénégalaise à travers un projet. Je voulais comparer ma pratique avec la pratique là-bas. En lisant le mandat, mon expérience personnelle semblait pertinente. La malnutrition est un sujet que je trouve intéressant et je voulais en apprendre plus.
TSF au Sénégal
TSF intervient au Sénégal depuis 1986 avec des appuis ponctuels. En 2022, TSF a ouvert un bureau principal situé à Dakar et cette année s’est ajoutée une antenne à Orefondé.
Nous pouvons compter sur une équipe multidisciplinaire en gestion, administration, comptabilité, éducation, travail social, ingénierie et agronomie qui ont plusieurs années d’expérience dans le domaine de la coopération internationale.
Est-ce que ça vous stressait le fait de devoir être autonomes ?
Diaba
Oui, parce que je ne savais pas à quoi m’attendre et je me posais la question, est-ce que je vais être capable si je n’ai pas le filet de sécurité autour de moi ? Mais finalement on a quand même eu un excellent support avec TSF. On a été vraiment bien accueillies.
Thien-An
Pour moi, le fait que vous vouliez 2 professionnel-le-s, ça m’a vraiment rassurée. Si c’était toute seule, ça m’aurait plus stressée. Et on est bien entourées et supportées par les bureaux là-bas.
Comment avez-vous trouvé les équipes terrain ?
Diaba
Je pense qu’il y a un lien de confiance entre TSF et le partenaire et ça se ressent quand on arrive. On sent qu’il y a une confiance. Tant de la part de TSF envers le partenaire que du partenaire envers TSF.
Thien-An
On avait de la chance d’avoir un super bon partenaire. On n’a pas eu à parler beaucoup avec l’équipe TSF mais c’est réconfortant de savoir que si ça avait mal été, on aurait eu ce support impartial présent. Je pense que c’est super pertinent.
Comment a été le retour ?
Diaba
Ça s’est bien passé pour moi. J’ai un don d’adaptabilité, je m’adapte très vite. Je ne reste pas longtemps sur un nuage. Je suis revenue et la réalité m’a vite rattrapée. Le suivi avec Estelle quelques semaines après était bien.
Thien-An
Moi aussi ça a bien été. Ça fait du bien d’être dans ses affaires, tu vois à quel point ici tu es confortable. J’arrive chez moi et je regarde à quel point mes murs sont blancs ! Ça ajoute une certaine légèreté à la vie.
Si vous aviez à commenter le processus TSF, depuis le premier contact jusqu’au dernier ?
Diaba
J’ai trouvé qu’Estelle (chargée de projets en coopération volontaire) m’a vite répondu quand j’ai appliqué. Et depuis le lien a toujours été présent, on a échangé beaucoup, on avait des rencontres, on s’envoyait des emails. Et ça a continué pendant le mandat. On se sentait en sécurité et je trouvais que j’avais l’impression d’être comme à la maison.
Thien-An
Estelle (chargée de projets en coopération volontaire), c’est vraiment du soutien. On savait qu’on pouvait toujours compter sur elle, on pouvait la contacter directement. C’était très bien.
Est-ce que vous encourageriez vos collègues professionnel-le-s à s’engager dans une aventure de coopération internationale avec TSF ?
Diaba
Depuis que je suis revenue, j’ai plein de questions ! J’ai déjà encouragé ma collègue.
Thien-An
Moi j’encouragerais des collègues à y aller, parce que c’est vraiment enrichissant tant au niveau personnel que professionnel. Ça nous apprend à devoir s’adapter, être autonome. Et même si tu penses que tu as de l’expertise dans ton travail, le contexte nord-américain est tellement différent du contexte là-bas que tu vas quand même apprendre quelque chose. C’est super enrichissant parce que c’est justement tellement différent.
Avez-vous un titre à mettre sur votre expérience ?
Diaba
Partenariat, efficacité, professionnalisme et échange. Je suis contente !
Thien-An
On a vraiment travaillé fort ensemble, c’était une bonne collaboration sur tous les plans. Quand tu fais un projet comme ça et que vous êtes deux ensembles, c’est beau de voir les amitiés fleurir.
Les résultats du mandat
-La composition des farines infantiles de différents postes de santé de l’ANPSCS a été analysée et des recommandations ont été émises en fonction des normes de santé du Sénégal.
-Bonification d’une farine infantile harmonisée et commune aux postes de santé visités.
-Renforcement de capacités du partenaire local en nutrition et en composition de farine infantile harmonisée.
-Renforcement de capacités du partenaire local en matière d’urgences pédiatriques et dépistages de maladies pédiatriques.
-Animation de formations pour les professionnel-le-s locaux. Thématique : les maladies nutritionnelles chez l’enfant et le bébé et comment faire la recette de farine infantile choisie.
Ce mandat était financé par le Ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) dans le cadre du Programme Nouveau Québec Sans Frontières et en collaboration avec le partenaire de TSF au Sénégal.
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