Avec la force des femmes, pour la dignité de nos peuples
Chaque 2 août, la Bolivie commémore la Journée de la Révolution agraire, productive et communautaire : une date qui honore les luttes historiques des peuples paysans autochtones pour l’accès à la terre, le droit de produire et la construction d’une vie digne au sein de leurs communautés.
Cette révolution n’est pas seulement une politique d’État ; c’est un processus vivant qui se poursuit depuis la base, souvent mené par des femmes autochtones, qui, par leur travail, soutiennent la mémoire, l’unité et l’avenir de leurs peuples (Ministère du Développement rural et des Terres [MDRyT], 2021).
Gardiennes de la terre et du tissu communautaire
Les femmes autochtones ont été des protagonistes silencieuses et résilientes des processus agraires et communautaires. Elles sont agricultrices, soignantes, guérisseuses, éducatrices et leaders. Ce sont elles qui, depuis leurs espaces, font germer non seulement l’alimentation, mais aussi la justice sociale.
Leur rôle a été fondamental dans la transmission des savoirs ancestraux, la conservation des semences et la gestion collective des ressources naturelles (FAO, 2018).
Dans tout le pays, des histoires donnent du sens à cette date. L’une d’elles est née au cœur des hauts plateaux, dans la municipalité de Jesús de Machaca.
Jesús de Machaca : Semer des opportunités avec l’amour communautaire
Dans la marka (Communauté autochtone) de Jesús de Machaca, deux femmes, leaders de leur région, ont pris l’initiative de réhabiliter des serres abandonnées et de créer un espace productif et digne pour les jeunes en situation de handicap.
Mercedes Quispe
Jiliri (la plus haute autorité communale) et ancienne conseillère municipale, Mercedes Quispe a participé à la gestion du projet initial entre 2014 et 2015, lorsque les infrastructures de production de plants ont été construites avec le soutien du ministère de l’Environnement et de l’Eau. Cependant, à la suite du changement de gouvernement en 2019, le projet a été abandonné.
Aujourd’hui, grâce à l’implication de TSF dans les questions de santé communautaire et au soutien financier de la Fondation Louise Grenier, Mercedes propose de relancer cette initiative. Comme Jiliri, elle dirige l’association de quartier pour la lancer.
« J’aimerais que les jeunes puissent apprendre, et ce serait une aide financière. Tant que leurs parents seront en vie, ils les aideront ; une fois partis, cela les aidera à survivre. » — Mercedes
Pastora Calle
Présidente du Conseil d’éducation spécialisée, elle mobilise parents et enseignants pour que les jeunes handicapés soient non seulement présents, mais aussi acteurs du processus.
« Tant que leur mère sera en vie, elle s’occupera d’eux ; mais une fois partie, que deviendront-ils ? Cet endroit les aidera.» — Pastora
L’objectif est clair : que les jeunes en situation de handicap léger ou modéré apprennent à travailler dans des serres, à produire des légumes, des plants locaux et du compost, et à générer leurs propres revenus. Il ne s’agit pas seulement de production, mais d’inclusion, de dignité et d’autonomie.
Cette proposition s’inscrit dans la lignée des principes de développement inclusif promus par les organisations internationales, qui soulignent l’importance de créer des opportunités productives pour les personnes handicapées en milieu rural. Il ne s’agit pas de les aider, mais de les faire devenir des sujets actifs de droits (UNESCO, 2017 ; ONU, 2020).
Ces femmes, avec le soutien de la communauté et la force de leurs pairs, ne se contentent pas de restaurer des infrastructures : elles reconstruisent l’espoir et un avenir.
Leur travail démontre que l’organisation sociale paysanne, lorsqu’elle est menée avec cœur, peut transformer des vies.
Dans un pays où les personnes handicapées sont souvent invisibles, ces actions nous rappellent que la véritable révolution est communautaire, inclusive et porte le visage d’une femme autochtone.
En cette Journée de la Révolution agraire, productive et communautaire, nous célébrons non seulement la terre, mais aussi celles et ceux qui en prennent soin avec une sagesse ancestrale, une tendresse collective et la ferme conviction que personne ne doit être laissé pour compte.
Références pour le texte :
FAO. (2018). El papel de las mujeres rurales en la agricultura familiar. Organización de las Naciones Unidas para la Alimentación y la Agricultura. https://www.fao.org/3/I9215ES/i9215es.pdf
MDRyT. (2021). Informe de gestión 2021. Ministerio de Desarrollo Rural y Tierras del Estado Plurinacional de Bolivia. https://www.agrobolivia.gob.bo
ONU. (2020). Inclusión de las personas con discapacidad en la respuesta al COVID-19. Organización de las Naciones Unidas. https://www.un.org/esa/socdev/documents/disability/COVID-19-Disability-Policy-Brief_SP.pdf
UNESCO. (2017). La educación inclusiva de las personas con discapacidad en América Latina y el Caribe. Organización de las Naciones Unidas para la Educación, la Ciencia y la Cultura. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000259756_spa
