Darlie Pricila Hershel Louis
Assistante aux programmes
Haïti, Vialet
Journée internationale des femmes
Dans une société, chaque Homme peut jouer un rôle important dans sa construction. Dans chaque société, la lutte des femmes pour leur émancipation, le respect de leur droit et leur progression équitable sur le marché du travail, revêt différentes couleurs, différentes formes et ampleurs. Ainsi, d’années en années, d’épreuves en épreuves, les femmes finissent par se construire des bases solides et fiables sur lesquelles, sans broncher, face au poids de la vie, elles avancent petit à petit et deviennent des piliers dans la construction des sociétés meilleures, enclin au développement et à l’équité.
Au-delà de tout, ce sont des personnes fortes qui n’ont pas peur de tout reprendre, tout recommencer quand le courant de la vie leur aura tout enlevé à l’exemple des femmes haïtiennes, qui, plus que toute autre chose, restent et demeurent un modèle de bravoure, de force et de courage, capable de tout supporter, pourquoi pas même, capable de tout arranger.
Ainsi, quand surgissent les moments de difficultés vous entendrez cette phrase « mères, ceignez vos tailles… » dans la langue créole « manman pitit mare vant ou », une phrase qui en appelle à la force humaine de tous et chacun afin que l’on puisse mieux se préparer pour ce qui va venir nous frapper tous.
Pour nous, cette force ne réside qu’en la résilience et la fermeté de caractère de nos mères, nos sœurs, nos grands-mères et nos tantes qui, lors des pertes de leurs proches, se ceignent la taille pour demeurer ferme sur leurs pieds et s’occuper de ceux qui restent.
C’est cette même force qui, après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, a permis aux femmes haïtiennes de tout faire pour se remettre sur pied et se pencher vers l’avenir. Un avenir qui, pour certaines, se présentait sans leurs enfants, leurs époux ou encore, d’autres membres de leurs familles. Car beaucoup ont vécu l’horreur d’une perte brutale sans avertissement ; ce fut comme se réveiller un matin et juste constater que ceux qui nous ont été chers ne seront tous simplement plus là avec nous.
Des femmes, qui, en un fragment de seconde, ont vu tous leurs efforts s’effondrer et être réduits en cendres, leurs maris être portés disparus ou victimes sous les poids des décombres, la perte de leurs enfants, leurs familles ou d’une partie de leurs corps.
Des femmes qui, face au chaos, ont vu se décupler leur résilience et qui se sont maintenues fermes pour affronter cette tempête humanitaire qui, vague après vague, a tué plus de 230 000 personnes, a blessé des centaines de milliers d’autres et a laissé des millions de personnes sans abri en voulant tous nous enfoncer sous terre.
Comme il ne suffisait pas que ce séisme nous ait dépouillé, moins de 15 ans après ce dernier, les circonstances sont devenues telles que la population dans son intégralité se voit être réduite à des conditions de vie inhumaine où même la sécurité des femmes, leur dignité, leur honneur sont bafoués sans considérations.
Elles continuent malgré tout à avancer.
Ces femmes sont encouragées et soutenues par les différentes organisations internationales, qui ont envoyé une aide d’urgence et engagé des efforts de reconstruction et qui continuent jusqu’à ce jour à investir en ces 15 ans de célébration du 12 janvier 2010, aidant les femmes à être de plus en plus compétitives sur le marché du travail par leurs compétences fièrement acquises.
D’autres femmes multiplient leurs efforts pour faire de leurs commerces des succès avec en tête « Nous avons des enfants à préparer, un avenir à assurer et un développement à atteindre, nous ne saurons baisser les bras… »
Ainsi, parler de l’accomplissement des femmes haïtiennes pour redresser la situation 15 ans après la catastrophe, revient à célébrer leurs efforts perpétuels pour permettre à l’idée d’un possible avenir d’émerger et de ne pas périr.
Ça revient à célébrer leur capacité à encaisser et à dénoncer les méfaits qu’elles subissent au quotidien, avec l’insécurité en particulier, qui empêche les Madans sara de vaquer à leurs activités et aux jeunes étudiantes des provinces d’investir la capitale pour les études supérieures.
Darlie Pricila Hershel Louis