JOURNÉE DE L’ENVIRONNEMENT 2024


Le 5 juin est la Journée Mondiale de l’Environnement. Cette année, la thématique mise de l’avant est la restauration des terres, la lutte contre la désertification et la résistance à la sécheresse.

désertification
restauration des terres
la sécheresse

Plusieurs pays où travaille TSF souffrent régulièrement des problèmes liés aux changements climatiques. Afin de souligner la journée, nous avons demandé à des personnes habitant les pays où nous sommes présents de prêter leur voix dans la lutte aux changements climatiques en nous partageant leurs expériences personnelles. Découvrez-les.

journée environnement Bolivie

Lorsqu’un exercice pratique devient un boisé

Eduardo Soria, agronome en Bolivie

Je me souviens que lorsque j’étais en troisième année d’études (ingénierie agricole), le professeur de pratique agricole a eu l’idée de réaliser un reboisement dans une zone proche du nouveau bâtiment de la faculté.  

À l’époque, le thème de l’écologie était à la mode, mais il n’était pas très prioritaire et important, de sorte que lorsque l’activité a été réalisée, beaucoup d’entre nous l’ont fait à contrecœur, comme s’ils étaient obligés de se conformer au sujet, en plus du fait que chaque étudiant devait creuser trois trous d’environ 40 x 40 cm avec une profondeur de 60 cm, pour briser le compactage du sol. La tâche était fatigante car nous n’avions pas assez d’outils et la matinée était très chaude, l’activité s’est déroulée au milieu des plaisanteries et des rires, lorsque les semis sont arrivés et qu’ils ont commencé à les distribuer, je me souviens que la situation a changé, nous voulions tous le meilleur et le plus beau semis pour l’exhiber.  

Récemment, nous avons pu entrer en contact avec certains de nos camarades d’université et nous avons commencé à échanger des souvenirs et des photos. Un collègue, qui est maintenant enseignant à l’université, a envoyé une photo d’une vue latérale de l’un des bâtiments de la faculté où se trouvait le laboratoire de biotechnologie végétale, où nous avions effectué nos stages académiques pour la préparation de nos thèses, l’image était loin du souvenir que j’avais de cet endroit, plus de 20 ans avaient passé et cette prairie avait été transformée en un magnifique bosquet d’arbres. J’ai pensé qu’il s’agissait des arbres que nous avions plantés lors de cette journée académique, qui avaient grandi et transformé ce paysage, j’ai demandé à ma collègue si c’était vrai ce que je pensais, elle m’a dit oui, la vérité était quelque chose de réconfortant qui me remplissait de joie, de penser que peut-être l’un des arbres que j’ai dû planter fait partie de cette belle carte postale.   

J’espère qu’un jour je pourrai me rendre dans mon université pour me souvenir de mes années d’études et aussi pour pouvoir regarder de près ces arbres, en pensant à ceux que j’ai plantés.    

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Des distances toujours plus longues à parcourir

Fatama Traoré, partenaire villageois au Mali

Ce qu’on avait sous les bras auparavant, il faut se déplacer pour l’avoir !

Je me rappelle quand on était jeunes et célibataires, les tradithérapeutes de nos villages avaient accès aux plantes médicinales tout juste aux alentours du village ou à 200 mètres au plus. Les femmes aussi trouvaient tout près du village des arbres comme le karité, le néré, le rônier et d’autres arbres importants pour cueillir les fruits et les transformer en huile, savon et autres produits de consommation. Mais maintenant il faut faire des dizaines voire meme des centaines de kilomètres pour trouver certains de ces espèces et d’autres ont totalement disparus de notre zone. Ils sont souvent remplacés par des arbustes que l’on voit couramment en bordure du sahara, dans le sahel. Ce changement nous préoccupe profondément et nous nous sentons impuissants pour les résoudre.

inondations Tanzanie

La pluie en un clin d’œil

Mwanahawa, Tanzanienne


Je m’appelle Mwanahawa, et c’est ici que ma famille et moi vivions jusqu’à la semaine dernière, lorsque nous avons été frappés par une inondation. C’est vers 4 heures du matin que nous nous sommes retrouvés inondés, sans savoir ce qui s’était passé ni comment nous en sortir. Heureusement, l’équipe de secours des pompiers était déjà arrivée et nous a aidés à sortir de la maison. Dès que nous sommes sortis du bâtiment, la maison s’est effondrée et les inondations ont tout emporté. En un clin d’œil, ma famille est devenue une famille de mendiants. Je suis reconnaissante à mes voisins qui, malgré le fait qu’ils soient des victimes comme moi, ont pu me fournir des vêtements et un endroit où poser mon corps pendant que je réfléchissais à comment et par quoi commencer. 

Quand la rivière ne se congèle plus

Lucia Cassagnet, employée de TSF au Canada

Depuis que j’ai déménagé dans ma maison, ma mère et moi promenons mon chien sur le bord de la rivière des Prairies à Montréal. En hiver, nous avons l’habitude de le promener sur la rivière, car elle est congelée sur plusieurs mètres et la couche de glace est assez solide pour qu’on puisse se promener dessus sans souci. Cette année, le Québec a connu un hiver avec des records de chaleur durant les mois qui, d’habitude, sont les plus froids. À cause des changements climatiques, le courant El Niño est déréglé, et ça affecte l’hiver au Québec. Nous n’avons pas eu de neige ou des températures en dessous du 0 degré de manière régulière comme à chaque année. C’est le premier hiver où nous n’avons pas pu promener mon chien sur la glace au bord de la rivière car elle ne s’est jamais congelée.

journée environnement Équateur

La déforestation d’aujourd’hui et les enfants de demain

Diana del Rosario, agricultrice en Équateur

Je suis une agricultrice née à la campagne et je continue à travailler ici, et jusqu’à présent, je ne regrette pas la campagne dans laquelle je vis.   

Nous vivons aujourd’hui la déforestation. Chaque jour nous perdons de grands arbres, nos poumons comme on dit, en ne faisant que de la monoculture, en ne plantant que du riz ou du maïs. Même le soja est introuvable et si on le trouve, c’est avec des OGM qui sont nocifs pour notre santé.

Si nous continuons ainsi, nous ne laisserons pas d’avenir à nos enfants. Nous ne laisserons que des enfants chimiques, comme on dit. Des enfants qui ne vont pas produire de la nature.

Par le passé, il y avait plus de manguiers, de pois chiches, de groseilles à maquereau, de pumas roses, mais ils ont été perdus par le manque de grands arbres sur les rives des clairières, ceux-ci prenant la place des productions agricoles.   

Nous avons tous besoin d’arbres, si nous continuons à les abattre, nous n’aurons même plus un fruit à déguster ici à la campagne et encore moins dans les villes.

Nous devons être conscient de la conservation des arbres et spécialement des arbres fruitiers pour pouvoir subvenir aux besoins des campagnes mais aussi des villes.

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On ne comprend plus le climat !

Pascal Mbunza, employé de TSF en RDC

Le climat devient « intraitable », on n’y comprend plus grand-chose.

Mon équipe et moi formons des personnes déplacées du site de Kigonze en agriculture de proximité à Bunia, en République démocratique du Congo. En 1ère saison culturale (septembre-décembre 2023), les apprenants ont planté des choux et des tomates. Cependant, des pluies abondantes sont tombées de manière inattendue en période où l’on s’attendait à un début de sécheresse. Conséquence : des récoltes affectées en phase de maturité.

À la saison culturale suivante (mars-juin 2024), qui commence avec le retour des pluies après la sécheresse de décembre à février, le deuxième groupe d’apprenants a planté le maïs et le soja. Après quelques de pluies, une forte sécheresse a resurgi de mars à mi-avril 2024. Conséquence : jaunissement et séchage des plants en croissance favorisant par ailleurs, l’attaque des insectes.

Nous avons trouvé quelques alternatives :
Étant donné que le jardin se trouve sur une pente et que des canaux de ruissellement ont été creusés au départ, il y a eu une diminution tant soit peu les quantités d’eau de ruissellement autour des plants de choux et de tomates. Aussi, la récolte a été plus ou moins précipitée pour éviter une perte totale.

L’association de cultures maïs-soja a permis de conserver un peu d’humidité ; le soja est une culture résistante qui apporte aussi l’azote au sol. Elle sert ainsi de plante de couverture favorable aux plants de maïs. Les pluies sont revenues à mi-avril et les plants sont actuellement en bonne croissance.

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L’ampleur d’un lac disparu

Amadou Boudy BA, Partenaire villageois au Sénégal

Dans notre localité, il y avait un lac majestueux, plutôt des lacs mêmes. Une source de vie pour la communauté et un havre de paix pour la faune et la flore. Mais au fil des années, le réchauffement climatique a commencé à faire des ravages. Les températures ont augmenté, les précipitations ont diminué, et les lacs ont lentement commencé à se tarir. Les habitants ont d’abord espéré que ce ne serait qu’une phase passagère, mais hélas, les lacs n’ont fait que diminuer de taille année après année.

Par le passé, la plupart des lacs, et spécialement les plus grands, résistaient jusqu’à la nouvelle saison des pluies. Ces dernières années, ils tarissent à peine quelques semaines après les pluies.

La disparition des lacs a entraîné des conséquences sur la vie quotidienne des villageois. En effet ces endroits étaient des lieux de retrouvailles, les habitants s’y rencontraient pour des baignades, la lessive, l’abreuvage. La disparition des lacs est bien plus qu’une perte physique. C’est le symbole de l’impact dévastateur du réchauffement climatique sur notre environnement et sur nos vies. C’est un rappel poignant de l’urgence d’agir pour préserver notre planète et toutes les merveilles qu’elle abrite.