Lucia Cassagnet
Québec, Canada
Pour quand une journée internationale des hommes ?
Avant de parler de la journée des femmes, il faut mettre une chose au clair : l’idée du féminisme n’est pas de créer un monde où les femmes s’imposent sur les hommes dans un souhait de reprendre les millénaires passés sous leur autorité.
Les féministes veulent être égales aux hommes, avoir les mêmes droits et les mêmes possibilités. Et surtout, veulent être écoutées.
Lorsqu’on consulte sa définition, le féminisme est un « courant de pensée et mouvement politique, social et culturel en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. »
En suivant cette logique, si on donne une journée aux femmes, ne devrait-on pas donner une journée aux hommes ?
En théorie, dans un monde égalitaire, oui.
Mais dans la réalité, les hommes et les femmes ne sont pas à égalité. Et l’idée derrière la journée des femmes était d’assurer qu’au moins 1 journée sur les 365 dans une année, les femmes seraient écoutées.
Alors que se déroulait la Première guerre mondiale, le 8 mars 1917, des femmes, des ouvrières et des épouses de soldats bolchéviques – qui étaient restées toutes seules à Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour s’occuper des familles – ont pris d’assaut la ville pour exiger du pain pour leurs enfants et le retour de leurs maris des tranchées.
En 1917, lorsque les soviétiques ont mis leur pied à terre, les femmes dans le monde n’étaient pas égales aux hommes. Leurs voix n’étaient pas prises en compte. Elles ne votaient pas et ne pouvaient pas prendre de décisions. On ne les écoutait pas.
Mais cette manifestation a permis qu’elles se fassent entendre par leur gouvernement.
60 ans après, en 1977, lors de l’officialisation de la journée internationale, les femmes de plusieurs pays se battaient encore pour avoir ces droits de base, pour se faire entendre.
En 2024 on constate que malgré les progrès des dernières décennies, il suffit qu’un changement de parti politique survienne pour que le discours des féministes soit à nouveau ignoré, mis sous tutelle.
Les mouvements des dernières années comme #MeToo ou #NiUnaMenos ne sont que quelques exemples des moyens entrepris par les femmes partout dans le monde pour qu’on entende ce qu’elles ont à dire.
C’est des centaines, de milliers de femmes – et d’hommes – qui unissent leurs voix pour qu’on commence à voir un vrai changement du portrait quotidien vécu par les femmes et que nous continuions à dénoncer.
En 2024, les femmes ne font toujours pas partie des discussions où l’avenir est décidé. Présentement, seulement 15 pays ont une femme comme chef d’État, et 16 autres comme chef de gouvernement. (UN Women)
Il est évident que la voix des femmes n’est pas encore égale à celle des hommes, malgré des siècles de cris.
L’année passée, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, disait que l’égalité entre les femmes et les hommes serait atteinte « au mieux dans 300 ans. »
Alors en 2324, lorsque nous serons vraiment paritaires, lorsque notre voix portera le même poids dans la société, on pourra ajouter une journée pour célébrer les hommes, en toute égalité.