Journée internationale des femmes 2023

À l’occasion de la Journée internationale des femmes ce 8 mars 2023, TSF met en relief la nécessité de porter une attention particulière aux thématiques touchant  la santé maternelle et infantile, et les efforts déployés sur le terrain pour s’assurer que des informations pertinentes sont partagées avec les femmes, qu’elles puissent obtenir un suivi pré et postnatal et quelles puissent reçevoir, ainsi que leurs enfants, des soins adéquats.

Bolivie

Dre Soledad Mamani
Gynécologue
 

J’ai déjà eu l’impression que de devoir terminer ma spécialité en milieu rural, partir de la ville vers la province où je travaille actuellement, c’était comme une punition, que cela m’empêcherait de progresser académiquement. Cependant, dès le premier instant où je suis arrivé à l’hôpital et que j’ai vu les patients, ces petits anges, leurs visages… Lorsque nous leur procurons des soins, des médicaments et de la sécurité, nous voyons tout de suite de l’amour et de la reconnaissance, même s’il est difficile de communiquer avec eux puisque beaucoup de patients parlent seulement l’aymara. 

Je dois conduire quatre heure pour aller et revenir de l’hôpital mais qu’importe… cela m’émeut de m’occuper de patients qui ne vont pas à la ville pour consulter un gynécologue, encore moins un gynécologue spécialisé, puisque ces professionnels sont généralement dans des cabinets de consultation inaccessibles pour les personnes provenant d’un milieu rural. 

À l’hôpital, il est possible d’orienter les patientes plus jeunes pour qu’elles n’aient pas trop de grossesses successives, qu’elles attendent au moins deux ans entre deux grossesses. Il est possible de les sensibiliser adéquatement au contrôle des naissances, de les inciter à faire des suivis lorsqu’elles sont enceintes et à venir accoucher à l’hôpital afin de prévenir la mort des mères et des enfants. Tout professionnel de la santé y trouverait satisfaction. Il y a tellement d’histoires que je pourrais raconter. 

Par exemple, j’ai une femme enceinte de 12 semaines hospitalisée qui croit qu’il est normal de vomir beaucoup. Elle ne comprend pas que des vomissements excessifs peuvent entraîner la malnutrition et la déshydratation. On lui a d’ailleurs diagnostiqué une infection lors de ses examens de routine. C’est vraiment un cercle vicieux… Une autre, hospitalisée pour la même raison, souffre de déshydratation et a développé une irritation gastrique. 

Pour la semaine prochaine, j’ai plusieurs accouchements à l’horaire, dont des femmes qui ont eu déjà eu sept ou huit grossesses. En pareil cas, avec leur autorisation, des contraceptions chirurgicales sont prévues après l’accouchement, puisque nous avons les ressources en anesthésiologie et en chirurgie pour le faire à l’hôpital. 

Équateur

Mariuxi Vera Naranjo
Enseignante à l’UEENCAR

Mariuxi et son partenaire sont malvoyants. Ils ont actuellement deux enfants âgés de 10 et 4 ans. Mariuxi partage ici son point de vue sur la sexualité et les femmes atteintes de handicaps.
  
Q : Penses-tu que l’on continue à méconnaître la sexualité comme un droit des femmes handicapées ? 
R : Oui, surtout dans les zones rurales. 
  
Q : Pourquoi penses-tu que la sexualité continue d’être ignorée comme un droit des femmes handicapées ? 
R : Parce qu’il y a des mères qui ont des filles handicapées et qui disent : « Ma fille ne se mariera jamais ». En fait, ces jeunes filles sont surprotégées. Elles n’ont de contact social qu’avec la famille. Il y a encore beaucoup d’ignorance. 
  
Q : Penses-tu qu’il y a encore des préjugés sur l’opportunité pour les femmes handicapées d’être mères ? 
R : Oui, et les préjugés sociaux viennent souvent de la famille même. Si même la famille a des préjugés, à quoi pouvons-nous nous attendre de l’ensemble de la communauté?  
 
Q : Qu’est-ce qu’être une mère malvoyante? 
R : C’est une belle étape de devenir mère, mais s’il y a des moments où l’on se pose des questions. Dans le cas de mon fils par exemple, quand il est entré à la garderie, il a commencé à apprendre et à écrire les lettres. Pour nous c’était assez complexe parce qu’en tant que parents malvoyants, nous n’avions pas de soutien pour nous aider à appuyer notre fils, pour l’aider à bien faire son travail. Ne serait-ce que de lui tenir la main pour l’aider à former les lettres. Jusqu’à aujourd’hui, ça reste un défi. 
  
Q : Pense-tu qu’une femme handicapée puisse décider librement d’être mère ? 
R : Oui, bien sûr. Elle peut être mère à partir du moment où elle le décide. Je ne pense pas que quelqu’un puisse s’y opposer. Mais je pense aussi qu’il faut tenir compte du niveau et du type de handicap. 

Mali

Birama Traore 
Directeur de programmation

Au Mali, Sahel 21-TSF accompagne les villages et les centres de santé communautaire en santé maternelle et infantile par des activités de sensibilisation et de formation des populations et des personnels de santé.  
 
Des scènes de théâtre traitant de différents thèmes comme le mariage précoce et l’excision ont été présentés dans les villages afin de sensibiliser les populations. Des ateliers de formation, d’information et de sensibilisation sur les mêmes thèmes ont aussi été menés avec les élus communaux et les leaders religieux.  
 
Sahel21-TSF continue aussi à construire des maternités modernes et équipées au niveau des centres de santé communautaire tout en encourageant les femmes enceintes à se présenter régulièrement pour des consultations prénatales.
 
Au Mali, près de huit millions de filles et de femmes ont subi des mutilations génitales féminines ce qui représente, à l’échelle nationale, 89 % des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans. Au cours des sessions de sensibilisation, nous recueillons d’ailleurs de nombreux commentaires sur l’importance de sensibiliser les populations à cette thématique.

La sensibilisation sur l’excision était un sujet tabou, mais grâce aux formations reçues, nous comprenons que cette pratique nuit à la santé de nos filles. 
Mr Guansé Traore, Conseiller du maire de Didiéni  
 
Après la formation, nous avons sensibilisé nos communautés pour briser les obstacles qui circulent autour de la pratique de mutilations génitales féminines.  
Abdoulaye DIARRA, Président de l’ASACO de Sonkeniè  
 
Aucune femme présente dans cette salle ne peut vous dire qu’elle n’a pas vu un enfant souffrir ou mourir due aux conséquences immédiates de l’excision. Nous ignorons la gravité de la pratique, et nous avons peur du poids de nos traditions.  
Djourouba Diarra, CAFO-Sagabala 
 
Beaucoup d’ONG et de services étatiques sont venus ici pour nous parler d’excisions. Mais votre approche est la meilleure, vous avez constaté que moi et mes conseillers avons facilement adhéré. Je souhaite bon vent à votre campagne qui nous sera très bénéfique. Surtout, ne vous découragez point.  
Djèna COULIBALY,  Chef du village de OULODO Central, aire de santé de Sonkeniè, commune de Didiéni 
 
Ce fut un réel plaisir pour nous les femmes de ce village de pouvoir nous exprimer librement sur les conséquences de l’excision devant les hommes. Ce sujet est un tabou dans notre village et est rattaché à la culture, la tradition et la religion. Nous sommes tous conscients des dégâts causés par cette pratique. J’ai vu des femmes fistuleuses rejetées par la société devoir se réfugier dans les hôpitaux. Elles m’ont fait savoir que leurs problèmes de santé étaient causées par l’excision et le mariage précoce. Depuis ce jour, j’ai mal au cœur quand j’entends parler d’excision ou que je vois un cas de mariage précoce.
Mme O,  58 ans

Haïti

Darlie Pricila Hershel Louis
Bibliothécaire à Vialet

Outre le fait de lutter constamment pour le respect et l’octroi de leurs droits souvent bafoués par des stéréotypes millénaires non fondés, les femmes affrontent généralement maintes difficultés dans leur vie quotidienne. Et dans certains pays non développés comme Haïti, elles doivent aussi faire face non seulement à des problèmes financiers graves mais également à l’insécurité alimentaire et au manque de soins de santé. 
 
Beaucoup d’entre elles, appelées à être mère, accouchent dans des situations difficiles n’ayant obtenu aucun avis d’obstétricien. Et si par bonne fortune la grossesse arrive à terme sans encombre, il reste toujours l’accouchement pendant lequel certaines périssent. 

Dans certaines localités où il n’y a point d’hôpitaux ni de centre de santé, comme à l’Île-à-Vache, la situation est d’autant plus critique. Surtout quand on veut que les enfants puissent normalement se développer et grandir en bonne santé. C’est pourquoi TSF, par le biais de son programme de clinique mobile, contribue, avec l’aide de pédiatres et d’infirmières qualifiés, à maintenir les enfants en bonne santé tout en soutenant les mères. C’est une façon d’offrir une certaine quiétude d’esprit aux femmes de cette communauté quant à l’avenir de leur progéniture. 

Nous rencontrons assez souvent des jeunes femmes de familles pauvres, sans parents, mères célibataires ayant un ou plusieurs enfants et qui sans revenu doivent subvenir aux besoins de leurs enfants. C’est pour cette raison que des distributions de kits de nourriture ont été jugées nécessaires. 

À l’occasion de la journée du 8 mars 2023, TSF est heureux de célébrer avec toute la communauté de Vialet et en profite pour envoyer ses mots d’encouragements, tout en réitérant son engagement envers les femmes, notamment en les aidant à acquérir des compétences nouvelles.

République du Congo

En République du Congo, au CSI de Bétou, dans le nord du pays, notre équipe accueille chaque mois plus de 400 femmes pour des suivis de grossesse et plus de 150 accouchements y sont mensuellement réalisés. Des campagnes de vaccination visant les enfants de moins de cinq ans sont aussi régulièrement tenues au CSI de Bétou et une attention particulière est apportée à la sensibilisation en matière de nutrition, de même qu’à la prévention et à la sensibilisation en matière de paludisme et de VIH/sida, deux maladies qui causent encore trop de ravages et auxquelles les futures mères n’échappent pas. 

Seulement 10% des femmes enceintes vivant avec le VIH au Congo ont accès à des antirétroviraux. Par ailleurs, la malnutrition et le paludisme constituent les principales causes de mortalité infantile dans le pays.

Sénégal

Au Sénégal, l’Association des Postes de Santé Catholique du Sénégal a organisé une causerie sur l’alimentation complémentaire des enfants de plus de six (6) mois dans la région de Sédhiou. L’activité s’est déroulée au poste de santé de Simbandi Balante, où un fort taux de malnutrition est enregistré.