Darlie Pricila Hershel Louis
Bibliothécaire de TSF
Haïti, Vialet
L’éducation en situation de conflit
Depuis bien des années, soit près d’une décennie, on assiste chez le peuple haïtien à une chute sans précédent de la qualité de la vie, quant aux divers problèmes auxquels doit faire face ce peuple dont le salut et le progrès résident dans la qualité de l’éducation qu’il s’efforce à promulguer aux différents habitants. Que ce soit à travers les études classiques, universitaires ou professionnelles, ou mieux encore dans l’éducation de l’Homme comme citoyen conséquent, respectueux et enclin au bien-être commun, le déclin semble de plus en plus évident. Ce qui fait qu’on assiste fort souvent, de façon impuissante à la chute, de plus en plus vertigineuse de ce système qui, par son essence est la base sur laquelle s’assoit toute nation qui se veut forte, progressiste et stable.
L’éducation est donc ce socle infaillible qui sert à abriter et à donner la direction adéquate dans tout cheminement qui vise le progrès ou le développement. Ce qui nous amène à cette juste phrase de Mandela, stipulant que : « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». Car utilisée à bon escient, elle stimule la croissance à long terme et contribue grandement à la stabilité sociale.
Malencontreusement, depuis peu, les situations de conflits s’intensifiant et devenant presqu’incontrôlables, nous voyons en Haïti des écoles fermer leurs portes en pleine année académique, soit par la situation insoutenable de l’évolution de l’insécurité ou à cause des mouvements de protestations diverses. Des étudiants abandonnent leurs études universitaires pour retourner en province, histoire de se lancer dans les études professionnelles ainsi que le business. Des bacheliers se résignent à n’avoir que le diplôme de fin d’études pendant que des professeurs ne savent plus où se donner la tête tant la situation est critique et le niveau des élèves bien trop bas qu’il ne devrait, alors qu’il y a un programme à suivre. Des directeurs d’écoles jonglent sur les différentes stratégies à adopter pour non seulement s’acquitter envers les différents professeurs de l’école mais également pour satisfaire le besoin urgent qu’il y a aujourd’hui d’avoir une jeunesse forte et au sommet de leurs compétences intellectuelles.
Tout ceci, pour dire que la situation, ou si l’on veut l’appeler à son juste titre « la crise intellectuelle » n’a jamais été aussi critique, désastreuse. On se demande même encore si cela existe. Les gens étant bien plus occupés à essayer de survivre plutôt qu’à se former. Les parents plus enclins à garder leurs enfants chez eux, dans le quartier, pour les protéger plutôt que de prendre le risque de les envoyer où que ce soit. Sans oublier ce cadre de figure où les professeurs émérites quittent le pays en pleine année, pour aller se réfugier dans d’autres pays ou la vie semble moins dure.
Et pour ce qui est de l’état psychologique des habitants, n’en parlons même pas. Des jeunes se fatiguent à ne rien faire pendant que d’autres essaient de rester en vie en évitant des projectile. La survie devient si incertaine, qu’on s’attend toujours à rencontrer ou à vivre n’importe quelle situation en rentrant de l’école ou de la faculté. Car si toutefois on a pu s’y rendre, on sort en ayant dans la tête, qu’il est possible de ne pas pouvoir rentrer ou même d’arriver à destination, alors que les études deviennent comme une sorte de passage obligatoire pouvant nous amener à la lumière que procure l’intellect ou à notre mort.
À la vérité, nous n’avons presque plus goût à l’apprentissage quand tout nous tombe dessus mais quelques-uns comme nous autres, à Terre Sans Frontières, résistent, car il n’y a pas d’avenir sans éducation, ni d’éducation sans quiétude d’esprit et vie sereine. Est-ce que ça va mal ? Bien sûr que oui ! Mais on s’accroche en investissant autant notre savoir-faire que notre amour pour le développement qui ne sera possible que si un bon nombre de jeunes, hommes et femmes sont bien formés.
Alors, contre toute difficulté nous nous armons pour le développement de nos communautés, de notre nation et pour l’évolution de notre monde sur le chemin du progrès.
Darlie Pricila Hershel Louis
Bibliothécaire à Vialet (Haïti)